Congrégation de Sainte-Croix – Histoire
Basile-Antoine Moreau (1799-1873), prêtre du diocèse du Mans, fonda la Congrégation de Sainte-Croix pendant la période troublée qui suivit la Révolution française (1789-1799).
La vision d’une famille religieuse
Pour répondre à certains besoins nés des ravages subis par l’Église dans les campagnes, pallier le manque de prêtres et le manque d’instruction chrétienne, le père Basile Moreau, ordonné prêtre en 1821, eut l’idée de regrouper des clercs comme prêtres auxiliaires. En août 1835, il avait déjà rassemblé des prêtres dans l’idée d’aider le clergé diocésain par la prédication de missions paroissiales et par l’éducation chrétienne dans les séminaires et les collèges.
Quelques jours seulement après avoir réuni les prêtres auxiliaires, le père Moreau accepta la direction des Frères de Saint-Joseph, fondés quinze ans plus tôt par un autre prêtre du même diocèse, l’abbé Jacques-François Dujarié, curé de Ruillé-sur-Loir. Ces laïcs dévoués répondaient aux urgences de l’enseignement primaire dans les villages de la région. Par cet appel commun à la mission, le père Moreau décida d’unir ces deux groupes par l’Acte fondamental du 1er mars 1837 en une seule association afin de pourvoir aux besoins de la pastorale et de l’éducation dans l’Église de France. La congrégation de Sainte-Croix, nouvellement établie, tire son nom du quartier du Mans où elle a vu le jour.
En 1838, le père Moreau donna une règle de vie à un petit groupe de femmes qu’il avait rassemblées et destinées au service domestique des prêtres et des frères. Par la suite, il les orienta aussi vers l’éducation. À Sainte-Croix, près du Mans, il fit progressivement de ces trois groupes une même et unique congrégation religieuse composée de trois sociétés autonomes. Chacune avait sa propre structure d’autorité, mais une même administration générale assurait leur unité.
Les débuts de la vie consacrée
Bien qu’ordonné prêtre diocésain, le père Moreau souhaita que la Congrégation de Sainte-Croix fut reconnue comme une communauté religieuse et introduisit la pratique de prononcer des vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Les premiers frères prononcèrent leurs vœux en 1836. Le 15 Août 1840, le père Moreau, ainsi que quatre autres prêtres, prononcèrent publiquement des vœux comme religieux de la Congrégation de Sainte-Croix. Les Sœurs prononcèrent leurs vœux quatre ans plus tard, en 1844.
Les pères, les frères et les sœurs se firent respectivement connaître sous les noms de Salvatoristes, Joséphites et Marianites de Sainte-Croix. Le fondateur les voulait unis dans la vie et le travail « comme une imitation sensible de la Sainte-Famille ». Il voyait dans leur union « un levier puissant avec lequel on pourrait remuer, diriger et sanctifier le monde entier ». La maison-mère et son église, dédiées à Notre-Dame de Sainte-Croix, devaient être le symbole et le centre de cette union. La fête de cette église, Notre-Dame des Sept-Douleurs, devint la fête patronale de toute la famille de Sainte-Croix.
Les missions
Le père Moreau comprit dès l’origine que l’apostolat confié à cette congrégation religieuse de Sainte-Croix devait s’étendre bien au-delà des frontières de la France. Quelques années seulement après la naissance de la Congrégation de Sainte-Croix, il décida alors d’envoyer ses prêtres, ses frères et ses sœurs en Algérie (1840), aux États-Unis (1841), au Canada (1847), en Italie (1850), au Bengale oriental (aujourd’hui en Inde) et au Bangladesh (1852).
Le 13 mai 1857, le pape Pie IX approuva les premières constitutions de la Congrégation de Sainte-Croix. Cette approbation fit de la communauté de Sainte-Croix une congrégation religieuse relevant officiellement de l’autorité du Saint-Siège. Le Vatican demanda cependant que les Sœurs de Sainte-Croix deviennent une congrégation indépendante et prévoient une structure gouvernementale distincte de celle des prêtres et des frères.
En 1867, les Marianites reçurent à leur tour l’approbation de leur constitution qui leur conférait un statut universel. En 1869, une de leurs provinces des États-Unis devenait juridiquement une congrégation indépendante : Les Sœurs de la Sainte-Croix ; et, en 1883, les sœurs du Canada accédaient au même statut et devenaient Les Sœurs de Sainte-Croix et des Sept-Douleurs (depuis 1981, Les Sœurs de Sainte-Croix).
Épreuves et croissance
Peu après que son projet fut approuvé, le père Moreau subit les contrecoups de conflits et de luttes aussi décevantes que décourageantes au sein même de la congrégation. Il décida de se retirer et en 1866, il donnait sa démission comme supérieur général. Éloigné de la communauté à laquelle il avait donné sa vie, il reprit son ministère de prédication. Ce sont les Sœurs Marianites de Sainte-Croix qui lui restèrent les plus fidèles au cours de ses dernières années ; elles étaient auprès de lui au moment de sa mort, le 20 janvier 1873.
Avec la suppression des communautés religieuses en 1903, les Pères et les Frères de Sainte-Croix concentrèrent leur travail de développement et d’expansion en Amérique du Nord. De nombreuses écoles, paroisses et autres apostolats virent le jour pendant les décennies qui suivirent.
Un rayonnement mondial
Puis, à partir de 1943, la Congrégation de Sainte-Croix s’étendit de nouveau partout dans le monde : elle implanta des missions au Chili (1943), au Brésil (1943), en Haïti (1944), au Ghana (1957), en Ouganda (1958), au Pérou (1963), au Kenya (1978), au Mexique (1987), en Tanzanie (1999). Depuis qu’elle s’est dernièrement établie aux Philippines en 2008, la Congrégation de Sainte-Croix est aujourd’hui présente dans 16 pays et sur les 5 continents.
Un demi-siècle après la mort du père Moreau, la congrégation a réhabilité son fondateur, racheté l’église de la maison-mère et introduit sa cause de canonisation.
Le père Basile Moreau a été déclaré « vénérable » par le pape Jean-Paul II le 12 avril 2003 et béatifié par le pape Benoît XVI le 15 septembre 2007, jour de la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs. Trois années plus tard, le premier saint de la congrégation est donné : frère André Bessette, à qui l’on attribue de nombreuses guérisons miraculeuses, est canonisé par le pape Benoît XVI le 17 octobre 2010.