La Solitude du Sauveur
Acquise par le père Moreau afin de devenir un noviciat pour ses prêtres, le père fondateur souhaitait que la Solitude du Sauveur soit une parfaite imitation de la Solitude sulpicienne d’Issy. La propriété, alors dénommée Châteauneuf et Vaugontier, située sur la colline de Gazonfier, était, du temps du père Moreau, encre isolée et incitait ainsi à la prière et à la réflexion. Sur le mur intérieur du vestibule était inscrit, comme à Issy : « O beata Solitudo ! O sola Beatitudo! Intrate toti, manete soli, exite allii » (« O bienheureuse Solitude ! O seule Béatitude ! Entrez tout entiers, demeurez seuls, sortez autres. »)
Le noviciat fut ouvert le 18 octobre 1840 (fête de saint Luc l’évangéliste) en présence de Mgr Bouvier, qui vint bénir la chapelle.
Un havre de solitude
La propriété « répondait à tous les désirs [du père Moreau], se prêtant au recueillement par son isolement, sa clôture naturelle, avec un bosquet d’agréables charmilles, à la mode du temps ». (Catta et Catta, t. 1, p. 357) Le père Moreau marchait souvent dans les « Petits Bois », qui existent encore à ce jour, et où, dit-on, il écrivit les Constitutions et les Règles de sa congrégation. À l’entrée de ces bois, le père Moreau plaça une statue de Notre-Dame de la Solitude : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». (Luc, 2, 19)
Le père Moreau s’installa pour un temps à la Solitude, alors qu’il était maître des novices. Mais lorsqu’il résidait à Sainte-Croix, il montait souvent la colline jusqu’au noviciat pour y chercher le calme et la paix.
« Ainsi soustrait au bruit du monde, il se trouve plus libre d’écouter au dedans de lui-même ce que son affection lui inspire pour ses chers Fils et ses chères Filles en Jésus-Christ, les “impressions intimes” qu’il se sent “fortement porté” de leur traduire, “l’abondance de ses sentiments. » (Catta et Catta, vol. 2, p. 315, faisant référence à la lettre circulaire n° 79 du 1er janvier 1857)
La Solitude aujourd’hui
La Solitude du Sauveur fut vendue, en même temps que l’église et le collège, en octobre 1869. Elle fut achetée par M. Lefèvre.
Revenue aux Marianites de Sainte-Croix en 1947, la Solitude a connu de nombreuses rénovations et expansions depuis le temps du père Moreau. Une large chapelle fut consacrée en 1955. Une maison de retraite et un bâtiment administratif ont également été ajoutés.
La Solitude originelle, qui se visite encore aujourd’hui, est le bâtiment central, le plus bas, surmonté d’une cloche qui date du temps du père Moreau. La petite chapelle (qui a été rénovée depuis), abrite l’autel (restauré) sur lequel le père Moreau célébrait la messe.
Au premier étage de la Solitude, on peut voir la chambre que le père fondateur occupait. Une petite pièce, pareille aux autres, qui a depuis été restaurée à l’identique. Les carreaux du sol sont ceux sur lesquels il a marché. Un lit et un chevet, bien que ne lui ayant pas appartenu, sont de son époque. Il y a une petite étagère sur laquelle il aurait rangé ses livres. La poignée de porte, selon la tradition, date de son époque également.
À la Solitude du Sauveur, on peut visiter les archives, ainsi qu’un musée qui renferme des objets ayant appartenus au père Moreau (dont des vêtements, des objets liturgiques, des biens personnels, et le fauteuil dans lequel il dormit pendant de nombreuses années). Ces objets, acquis par les Marianites au moment où la propriété fut vendue en 1869 et présentés avec beaucoup de soin dans leur musée, témoigne de la fidélité constante et de la dévotion des Marianites envers leur père fondateur, et de leur désir sincère qu’il soit connu et vénéré dans la famille de Sainte-Croix et au-delà.
Sources : Le Très Révérend Père Basile-Antoine Moreau et ses œuvres, par l’abbé Charles Moreau ; Basile Antoine Marie Moreau, par le chanoine Étienne Catta et Tony Catta.