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02 43 81 15 57 6 rue Notre Dame 72000 Le Mans
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Édouard Frédéric Sorin

La maison natale d’Édouard Sorin à Ahuillé, en Mayenne.

« Le Seigneur est mon berger… Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. » (Psaume 22)

6 février 1814

Édouard Sorin est né le 6 février 1814 à La Roche, lieu-dit du village d’Ahuillé, en Mayenne. Il était le septième des neuf enfants de Julien Sorin et de Marie Anne Louise Gresland.

Après avoir suivi l’enseignement du petit séminaire à Précigné, dans la Sarthe, le jeune Édouard continua ses études au grand séminaire du Mans. C’est là, en 1836, qu’il se souvient d’avoir reçu le premier appel à servir la mission en Indiana (États-Unis), un appel délivré en personne par Mgr Bruté de Rémur, un Français, mais premier évêque du tout nouveau diocèse de Vincennes (Indiana).

 

27 mai 1838 et 15 août 1840

Édouard Sorin fut ordonné prêtre du diocèse du Mans le 27 mai 1838 et fut désigné vicaire de la paroisse de Parcé-sur-Sarthe. À l’été 1939, il reçut la permission de l’évêque de rejoindre la société des Prêtres auxiliaires fondés par le zélé et charismatique père Basile Antoine Moreau, qu’il avait rencontré au grand séminaire du Mans presque cinq ans auparavant. Le 15 août 1840 (fête de l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie), dans la petite chapelle de la communauté à Notre-Dame de Sainte-Croix, le père Sorin se joignit à Basile Moreau et à trois autres prêtres auxiliaires pour prononcer des vœux religieux.

L’appel à partir en mission en Indiana avait été entendu une fois encore par le père Sorin pendant l’été 1939, quand Célestin Guynemer de la Hailandière, nouvellement consacré évêque de Vincennes, vint à Sainte-Croix dans l’espoir d’y trouver des frères
éducateurs pour les écoles paroissiales de la Frontière américaine. Le père Moreau, finalement, choisit six frères pour la mission : Vincent (Jean Pieau), Anselme (Pierre Caillot), Gatien (Urbain Monsimer), Joachim (Guillaume Michel André), Laurent (Jean Ménage) et François-Xavier (René Patois). Il y avait dans ce groupe trois professeurs, un tailleur, un fermier et un charpentier. Comme chef du groupe, le père Moreau choisit son cher ami, le père Édouard Sorin, missionnaire zélé, dévoué et intrépide. Le 5 août 1841, fête de Notre-Dame des neiges, après une cérémonie de départ dans la chapelle communautaire à Sainte-Croix (« Comme ils sont beaux […] les pas du messager, celui […] qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut… » Isaïe 52, 7), le petit groupe d’hommes, dont les âges allaient de 14 à 44 ans, prit une diligence pour Le Havre, accompagné par M. Dupont, un ami de Basile Moreau, qui serait plus tard connu sous le nom de « Saint homme de Tours ». Le père Moreau avait été bien inspiré de choisir le père Sorin pour la mission en Amérique, mais ce fut un choix douloureux pour lui. Peu après leur départ, il écrirait au père Sorin : « Plus que jamais, je ressens la perte que j’ai subie en vous donnant à l’Amérique. C’est un sacrifice qui m’a coûté des larmes pendant des jours ».

Mgr Guynemer de la Hailandière

Le voilier Iowa quitta Le Havre le 8 août 1841. Les sept hommes étaient logés dans des quartiers exigus de l’entrepont qu’ils partageaient avec 200 émigrants. L’Iowa arriva à New-York le 13 septembre 1841, et le père Sorin fit dès ce moment sienne la terre d’Amérique.

Après avoir profité quelques jours de l’hospitalité d’un récent converti au catholicisme – Samuel Byerley – les missionnaires partir pour l’Indiana, principalement par voies fluviales, et arrivèrent à Vincennes le 10 octobre 1841.

 

26 novembre 1842

Après une brève période de recrutement pour une mission dans l’Est de Vincennes appelée Saint Peter, le père Sorin et sept frères – le frère Gatien, le frère François-Xavier, et cinq nouvelles recrues (quatre immigrants irlandais et un Alsacien) – voyagèrent vers le Nord jusqu’à la propriété du diocèse connue sous le nom de Sainte-Marie-des-Lacs, nom donné au site par les premiers missionnaires de la région. Arrivé le 26 novembre 1842, Sorin écrivit plus tard à son ami et père spirituel Basile Moreau :

« Quelques heures après, nous étions à Notre-Dame- du-Lac, où je suis, d’où je vous écris en ce moment. Tout y était glacé, et cependant tout y semblait beau ; le lac surtout, avec son ample tapis de neige éclatante de blancheur, nous rappelait tout naturellement la pureté sans tache de l’auguste Dame dont il porte le nom, et aussi la pureté d’âme qui devait distinguer les nouveaux habitants de ces fortunés rivages. Bien qu’il fît assez froid, nous sommes allés jusqu’à l’extrémité (oui, comme des enfants) d’où nous sommes revenus enchantés des merveilleuses beautés de notre nouveau séjour. »

Le groupe s’installa dans la petite chapelle en bois construite des années plus tôt par le père Stéphane Théodore Badin, célébrant les offices religieux à l’étage, travaillant et dormant au rez-de- chaussée. Là, à Notre-Dame- du-Lac (selon la dénomination du père

Sorin), les hommes s’empressèrent d’établir un « collège ». Inspiré par les missionnaires louables comme le père Louis de Seille et le père Benjamin Petit, Édouard Sorin était également zélé dans la mission envers les Amérindiens de la région (les Potawatomi).

La petite chapelle en bois à Notre-Dame du Lac

Le premier bâtiment du « College » Notre-Dame

Édouard Sorin était un homme visionnaire. Audacieux et téméraire, il rebondissait avec un optimisme inépuisable et une persévérance indéfectible face à chaque obstacle ; et des obstacles, il y en eut beaucoup : la langue, le climat peu clément, des récoltes maigres, des épidémies et la mort, le feu, la guerre, le manque de subventions, des crises financières, des conflits avec son supérieur religieux en France ainsi qu’avec des évêques plus près de lui… Néanmoins, la persévérance de Sorin porta ses fruits, qui plus est rapidement. Le « collège » reçu assez rapidement le nom d’« université ». En plus des recrues locales, des missionnaires additionnels de Sainte-Croix arrivèrent du Mans, dont des Marianites, la branche féminine de la famille religieuse fondée par le père Moreau. Notre-Dame devient progressivement un lieu trépidant d’activités, comportant notamment une école dédiée au travail manuel, des noviciats, des jardins, des vergers, du bétail. Les inscriptions ne cessaient d’augmenter, et au fil du temps, l’offre académique s’étoffa et de nouveaux bâtiments furent construits. Le père Sorin fut toujours assisté par d’habiles collaborateurs dans sa mission. En plus des six frères avec lesquels il avait traversé l’Atlantique, ses autres amis et collègues furent par exemple François Cointet, Alexis Granger, Mère Angela (Eliza Gillepsie) et son frère Neal Gillepsie, William Corby, Auguste Lemonnier et Michael Shawe.

Édouard Sorin était le fils spirituel de Basile Moreau. Malgré leurs conflits, il l’aimait comme père et fondateur. Tout « américanisé » qu’il fut, le père Sorin demeurait marqué par l’école française de spiritualité de son éducation au séminaire, qui comprenait une dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et, en particulier, à Notre-Dame.

Malgré quelques confrontations occasionnelles avec la bureaucratie romaine, il était de même inébranlablement loyal au Pape.

Le père Sorin croyait fermement que son œuvre était particulièrement bénie par la Providence de Dieu et par Notre-Dame. Il croyait aussi en la promesse de l’Amérique. Il adopta très rapidement l’esprit d’optimisme américain, et il sut adroitement adapter le projet de Sainte-Croix, d’abord né en France, aux circonstances particulières de la conquête de l’Ouest.

En juillet 1868, le père Sorin fut élu supérieur général de la Congrégation de Sainte-Croix. En tant que tel, il supervisa l’expansion de Sainte-Croix aux États-Unis, avec notamment l’établissement d’une université catholique prospère à Austin, Texas (Saint Edward’s). Sorin surveilla également la vente des biens de la communauté au Mans, dans le but d’alléger le fardeau de la dette de la Congrégation, dans l’optique de rétablir la santé financière de celle-ci.

Le père Édouard Sorin

La statue du père Sorin devant le Dôme (bâtiment principal) de l’université Notre-Dame du Lac en Indiana.

Vitrail du père Sorin dans le Hall Saint Édouard de l’université Notre-Dame du Lac, Indiana.

31 octobre 1893

Le 31 octobre 1893, Édouard Frédéric Sorin, le religieux et prêtre qui avait tant œuvré dans les vignes du Seigneur, rendit son dernier souffle. Le labeur de cet homme à l’optimisme incessant et à l’extraordinaire résilience avait pris fin, mais les œuvres qu’il avait accomplies à la grâce de Dieu et avec la protection de Notre-Dame continuent à porter d’abondant fruits. Il repose dans le cimetière communautaire, parmi sa famille de Sainte-Croix, et à côté du lac qu’il avait contemplé sous son manteau neigeux ce jour de novembre 1842 fatidique.

« Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” » (Matthieu 23, 23)

 

IN MEMORIAM

D’autres loueront en lui le saint,
le chevalier de Dieu et du Christ ;
d’autres décriront ses vertus…

Pour moi, c’est le poète en lui que j’aime par-dessus tout,
l’idéaliste ! Un idéaliste
qui voit, au-delà des nuages immobiles,
l’espace plus clair que baisent les premiers rayons du soleil…

Il fut un rêveur de beaux rêves ;
mais il sut aussi faire de grandes choses,
et c’est pourquoi l’image dorée de Notre-Dame
répandant ses rayons sur les chênes et les érables qui entourent le Dôme

parle au pays tout entier,
proclame l’incarnation du Christ dans notre pauvre chair humaine
et tend éternellement sa main
pour nous garder du doute et du mal.

Il fut un poète, dont l’œuvre ne peut mourir,
parce que sa Foi ne connut pas d’ombre.
Il chante maintenant ses hymnes
dans le chœur des Séraphins, près du Très-Haut.

Mais nous, ici-bas, nous entendons toujours l’hymne qu’il chanta sur la terre…

(Maurice Francis Egan)

 

Sources : Edward Sorin, par Marvin R. O’Connell et Le Père Édouard SORIN (1814-1893), fondateur de l’Université Notre-Dame- du-Lac (Indiana, États-Unis), par le père Charles Lemarié, csc.