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Jacques-François Dujarié

Jacques-François DUJARIÉ

Il a passé sa vie à faire le bien. (Galates, 6, 10)

Jacques-François Dujarié – fils de Jacques Dujarié et de Françoise Leroux – est né le 9 décembre 1767 à Sainte-Marie- du-Bois (Mayenne). Élevé dans un environnement tourné vers la religion et la famille, le jeune Jacques-François fut formé par les eudistes dans un collège de Domfront et par les sulpiciens au grand séminaire d’Angers.

Dujarié a été profondément touché par la Révolution française et par le règne de la Terreur qui s’ensuivit. Le prêtre de son village natal, ainsi que le clergé du collège de Domfront et du séminaire d’Angers, qui refusèrent de prêter serment à la Constitution civile du clergé, furent déportés ou emprisonnés. Dans cette atmosphère de tourmente révolutionnaire, Jacques Dujarié se prépara à devenir prêtre aux côtés de Joseph Jacquet de la Haye (curé de la commune de Ruillé-sur-Loir), dont l’exemple lui permit de tirer de nombreuses leçons, particulièrement sur les vertus du zèle et du courage apostolique.

Le 26 décembre 1795, Jacques Dujarié fut ordonné prêtre en secret à Paris. Revenant ensuite sur le territoire de Ruillé, il accomplit son ministère sacerdotal clandestinement, se cachant pour célébrer la messe et se réfugiant dans des granges, des celliers et des greniers. Ces premières années de prêtrise furent marquées par d’extrêmes difficultés et une véritable austérité.

Suite à la signature du Concordat entre Napoléon et Rome en 1801, qui restaura le statut civil de l’Église de France, Dujarié put exercer son ministère ouvertement et fut finalement installé comme curé de la paroisse de Ruillé en 1803. Le bon père Dujarié se dépensait pour la gloire de Dieu et pour la sanctification de ses paroissiens, au sujet desquels il dira à la fin de sa vie : « Je n’ai existé que pour eux ». En plus de travailler à restaurer et à embellir l’église paroissiale de Ruillé, endommagée durant la Révolution, l’humble curé de campagne se souciait de prendre soin des pauvres et de l’éducation des jeunes. C’est à cette fin qu’il fonda deux grandes œuvres : les Sœurs de la Providence et les Frères de Saint-Joseph.

Les Sœurs de la Providence

Préoccupé par toute une génération de jeunes grandissant sans éducation et ignorants de la foi, le père Dujarié commença à instruire les enfants grâce au catéchisme et leur apprit à lire et à écrire. Dans une zone isolée de sa paroisse appelée Les Hauts-de-Ruillé, il établit une œuvre de charité connue sous le nom de « La Petite Providence ». C’est là qu’une petite communauté de jeunes femmes fut constituée dans le but d’éduquer les jeunes et de rendre visite aux malades et aux pauvres.

Avec d’autres jeunes femmes venues remplir les rangs de la communauté, et désireux de leur offrir les fondations nécessaires pour soutenir leurs œuvres de charité, le père Dujarié envoya finalement les « Sœurs » de La Petite Providence à Anne de la Girouardière, fondatrice des Filles du Sacré-Cœur- de-Marie pour les former à la vie religieuse et au soin des malades. Des recrues additionnelles nécessitèrent la construction d’une maison plus large (La Grande Providence), cette fois-ci dans le village de Ruillé-sur- Loir.

Le père Jacques Dujarié et les Sœurs de la Providence (vitrail de l’église de Ruillé)

L’œuvre commencée dans les Hauts-de-Ruillé se développa rapidement au-delà des limites de la paroisse du père Dujarié et même au-delà du diocèse du Mans. Tout en procurant à la communauté originelle de femmes les sacrements et ses propres conseils spirituels, le père Dujarié fini par chercher à leur donner des Constitutions et des Règles pour s’assurer de l’élan de l’œuvre.

On voit comment, en une douzaine d’années, la petite œuvre des Hauts-de- Ruillé s’était développée sans bruit, sans plan préconçu, sous le souffle de la Providence, comme une graine entraînée par un vent favorable. (Catta, p. 78)

Le Grand Saint-Joseph

Les Frères de Saint-Joseph

En 1818, Mgr Johann Michael Josef von Pidoll, évêque du Mans, convoqua le clergé du Mans pour une retraite – la première depuis la Révolution. L’évêque et les prêtres échangèrent sur le moyen de faire face à l’ignorance générale qui frappait une génération entière de jeunes, particulièrement à la campagne. Le clergé demanda conseil au père Dujarié pour trouver une communauté similaire à celles fondées dans les autres diocèses et destinées à régler ce même problème.

Le père Dujarié chercha conseil auprès des fondateurs Jean-Marie de la Mennais et Gabriel Deshayes. Il confia cette nouvelle tâche au patronage de saint Joseph. Des candidats se présentèrent dès les deux premières années, dont André Mottais, qui se révèlera être un cher, loyal et saint homme. Le père Dujarié accueillit comme il le put les nouvelles recrues dans le presbytère de Ruillé, jusqu’à la construction du « Grand Saint-Joseph » en 1824.

Le père Dujarié souhaitait que les « Frères » aient une fonction de maîtres d’école, apprenant aux enfants la lecture, l’écriture, l’arithmétique et le catéchisme. Il exhortait les Frères à former les enfants à la vertu, et à leur apprendre à aimer et servir Dieu. Il souhaitait également que les Frères allègent la charge des curés en les assistant en tant que chantres et sacristains.

L’humble curé de Ruillé se dévouait à ses Frères comme un père à sa famille. Il les encourageait dans leur propre sanctification et dans leur zèle pour la gloire de Dieu. Il imaginait une société de prêtres missionnaires qui pourrait un jour apporter à ses deux congrégations un soutien spirituel ainsi qu’une gouvernance administrative.

Les responsabilités de direction (des Frères de Saint-Joseph comme des Sœurs de la Providence), ses efforts constants pour assurer la reconnaissance légale de ses œuvres, sa correspondance intensive, les obligations liées à son ministère et une série de crises lui causèrent de grandes souffrances et commencèrent à laisser des traces. Bien qu’il réussit à assurer le bon fonctionnement administratif des Sœurs de la Providence, la tâche s’avéra beaucoup plus ardue pour les Frères de Saint-Joseph. Il devint de plus en plus clair que pour pérenniser l’œuvre, il faudrait qu’elle soit confiée à un successeur qui serait animé par le même zèle et qui continuerait à la développer dans le même esprit. La Providence désigna le père Basile Moreau pour cette mission.
Institution Notre-Dame de Sainte-Croix

Le père Moreau, qui avait déjà prêché des retraites pour les Frères de Saint-Joseph et qui avait auparavant apporté son aide quand à leur organisation et leur renouveau, fut nommé responsable des Frères par le père Dujarié le 31 août 1835. Lors d’une
cérémonie présidée par Mgr Jean-Baptiste Bouvier, évêque du Mans, qui se déroula dans la chapelle du Grand Saint-Joseph, le père Dujarié confia ses « enfants » au père Moreau et, s’adressant à lui, déclara : « Je veux qu’ils vous regardent désormais comme
leur père » (Catta, p. 280). En retour, le père Moreau parla de « la sollicitude pour le salut des âmes » et le « zèle ardent à procurer la gloire de Dieu » ainsi que « des travaux, des contradictions et des peines de tout genre » que lui avait occasionné la création de
l’institut. (Catta, p. 280)

Le père Moreau transféra les Frères de Saint-Joseph de Ruillé-sur- Loir vers la propriété située à Notre-Dame de Bel-Air (Notre-Dame de Sainte-Croix) à Sainte-Croix-lès-Le-Mans, où il était en train de fonder une école. À Sainte-Croix, il rassembla les Frères de Saint-Joseph et les prêtres auxiliaires pour former l’Association de Sainte-Croix.

Le père Dujarié lui-même vint passer le restant de ses jours à Sainte-Croix, « au milieu de ses enfants ». On dit que sa « plus grande distraction était de faire mettre son fauteuil dans la cour de récréation. Les enfants accouraient autour de lui. Il leur distribuait toutes les friandises qu’il avait pu se procurer. Jusqu’au bout, il restait l’ami de l’enfance. » (Catta, p. 293)

Le père Jacques-François Dujarié mourut le 17 février 1838 à Notre-Dame de Sainte-Croix. D’abord enterré dans l’enceinte de l’école, sa dépouille fut ensuite transférée au cimetière Sainte-Croix le 22 août 1849. En 1873, elle fut à nouveau déplacée, cette fois vers la chapelle de la maison-mère des Sœurs de la Providence à Ruillé, où elle se trouve encore aujourd’hui.

ICI REPOSE
LE VÉNÉRÉ PRÊTRE DU CHRIST
JACQUES-FRANÇOIS DUJARIÉ
CURÉ DE LA PAROISSE DE RUILLÉ
CHANOINE HONORAIRE DE L’ÉGLISE DU MANS.

FONDATEUR
DE LA DOUBLE ET PIEUSE FAMILLE
DES SŒURS DE LA PROVIDENCE
ET DES FRÈRES DE SAINT-JOSPEH.
IL MOURUT AU MANS
LE 13 E JOUR DES CALENDES DE MARS 1838
DANS LA 70 E ANNÉE DE SON ÂGE.

IL FUT L’HOMME DE LA CHARITÉ, LES ŒUVRES SEMÉES PAR LUI
DURENT TOUJOURS, ET, PAR LA GRÂCE DE JÉSUS, SOUS LES
PATRONAGES DE SAINTE MARIE ET DE SON SAINT ÉPOUX, ELLES
SE PERPÉTUENT ET CROISSENT DE JOUR EN JOUR.
QU’IL REPOSE DANS LA PAIX DU SEIGNEUR
CE PÈRE TRÈS BON ET TRÈS AIMÉ. (p. 305)

Sources : Le Père Dujarié (1767-1838), Fondateur des Sœurs de la Providence de Ruillé-sur-Loir et des Frères de Saint-Joseph, maintenant Frères de Sainte-Croix, par Tony Catta.