Mère Marie des Sept-Douleurs
Mère Marie des Sept-Douleurs, proche collaboratrice du père Basile Moreau et première supérieure des Marianites de Sainte-Croix, naquit Léocadie Gascoin le 1er mars 1818 à Ernée, dans le département de la Mayenne, en France. Quatrième des six enfants de Michel-Jean Gascoin et de Rosalie-Renée (Chardon) Gascoin, des fermiers issus de la classe moyenne, Léocadie discerna très tôt l’appel à la vie religieuse.
Lors d’une mission en paroisse à Larchamp, elle rencontra le père Drouelle, l’un des « prêtres auxiliaires » du père Basile Moreau. C’est ce premier qui encouragea la jeune Léocadie à poursuivre sa vocation avec les sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur au Mans, une communauté dont le père Moreau était le supérieur ecclésiastique.
Une rencontre providentielle
Le 24 juin 1841, alors qu’elle se rendait au monastère du Bon Pasteur pour y faire une retraite, son chemin croisa celui du père Moreau, qui revenait à Sainte-Croix après avoir célébré la messe à la Solitude du Sauveur. Ce fut une rencontre providentielle. Le père Moreau, qui souhaitait ardemment trouver quelqu’un pour prendre la tête des femmes qu’il avait rassemblées afin de soutenir la mission du pensionnat à Sainte-Croix, vit en Léocadie la réponse de Dieu à sa prière. Une semaine après cette heureuse entrevue, le père Moreau déclara à Léocadie : « Vous irez à Sainte-Croix ».
Sa formation pour Sainte-Croix lui fut prodiguée par la sainte Mère Marie de Sainte Dosithée, prieure du monastère du Bon Pasteur. Le 4 août 1841, lors d’une cérémonie dans la chapelle du monastère, Léocadie et trois autres femmes reçurent l’habit de Sainte-Croix des mains du père Moreau. Elles reçurent également du père Moreau un nom religieux qui évoquait Marie comme sainte patronne ainsi qu’un événement de la vie de Notre-Dame ou du Christ. Léocadie reçut le nom de « Marie des Sept-Douleurs ». La date du 4 août 1841 marquerait à jamais la fondation de la communauté qui serait ensuite connue sous le nom de « Marianites de Sainte-Croix », même si cette appellation n’entrerait en vigueur qu’une décade plus tard.
Une femme forte
Le père Moreau vit en Léocadie Gascoin toutes les qualités d’une dirigeante. Une femme forte, d’excellente éducation et aux intentions pures ; elle avait une âme généreuse et un cœur simple. Elle serait celle qui collaborerait avec le père Moreau au développement de son œuvre pour la gloire de Dieu.
Le père Moreau désigna d’abord Sœur Marie des Sept-Douleurs comme « assistante » et « présidente des exercices religieux ». Travaillant au pensionnat de Sainte-Croix, elle était un modèle de vertus religieuses telles que le renoncement à soi-même, l’humilité et la sainte obéissance. Petit à petit, elle assuma les responsabilités d’une supérieure religieuse, encourageant les sœurs dans leur observance religieuse, restant au chevet des sœurs malades, et prenant part aux tâches les plus humbles en y voyant un chemin de sanctification. Elle prononça ses premiers vœux religieux le 15 septembre 1844. À partir de ce moment-là, la responsabilité de la formation religieuse des sœurs et de la progression de la communauté reposa sur ses épaules.
Départ pour l’Amérique
Les années passant, Sœur Marie des Sept-Douleurs, qui fut ensuite appelée « Mère », collabora avec le père Moreau à l’expansion de la mission des sœurs en France et à l’étranger. En 1849, pour stabiliser la direction des établissements américains, ainsi que pour s’assurer qu’ils se développaient selon sa propre vision et pour fortifier la direction générale de Mère Marie sur les sœurs, le père Moreau la nomma supérieure religieuse des établissements des sœurs. Vivant à Saint-Laurent (Québec), Mère Marie continua à se distinguer en tant que dirigeante et modèle religieux, gagnant le respect et l’affection de ses filles spirituelles.
En 1858, Mère Marie reçut du père Moreau le titre de « Supérieure générale », un poste qu’elle occuperait par intermittence jusqu’à la fin de sa vie. Elle revint au Mans en 1863 où, depuis la maison-mère de Sainte-Croix, elle continua à œuvrer pour la gloire de Dieu, le salut des âmes et le bien général des Marianites de Sainte-Croix.
Mère Marie eut la joie de voir l’institution des Marianites de Sainte-Croix croître et finalement recevoir l’approbation officielle de Rome (le 19 février 1867). Toutefois, elle connut aussi la croix d’être témoin des séparations qui eurent lieu dans sa communauté : celle des sœurs de l’Indiana (Sœurs de la Sainte-Croix) en 1869, et celle des sœurs canadiennes (Sœurs de Sainte-Croix et des Sept-Douleurs) en 1883.
Aux côtés du père Moreau
Elle fut également témoin direct de la douleur du père Moreau lors de la vente des propriétés de la Congrégation au Mans. C’est elle qui s’arrangea pour acquérir le fauteuil dans lequel il passait ses nuits depuis 25 ans. Elle s’occupa également de la subsistance quotidienne du père Moreau, envoyant les sœurs lui porter ses repas depuis la maison-mère voisine.
Mère Marie était à ses côtés lorsqu’il rendit l’âme le 20 janvier 1873. Les années suivantes, elle resta fidèle à son esprit et à sa vision, notamment tels qu’ils se trouvaient exposés dans les Constitutions des Marianites, qu’il avait lui-même écrites et qui avaient été approuvées par le Saint-Siège.
Dévouée et attachée à ses filles spirituelles, Mère Marie insista sur un esprit d’union et de fidélité à la Règle et aux Constitutions en tant qu’expression de la volonté de Dieu pour elles. Son amour pour le Seigneur et pour Notre-Dame des Douleurs, son exemple dans la prière, sa confiance en la providence de Dieu, et sa loyauté malgré de nombreuses épreuves, firent d’elle un modèle et une « Règle vivante » pour ses religieuses.
Mère Marie des Sept-Douleurs mourut le 29 janvier 1900, à l’âge de 83 ans et dans sa 60ème année de vie religieuse.
D’après La Très Révérende Mère Marie des Sept-Douleurs (1818-1900) et les origines des Marianites de Sainte-Croix, par le chanoine Étienne Catta et par Tony Catta.